La séance vous sera proposé par Guy Astic, directeur des éditions Rouge Profond qui vient
d’éditer PEUR, l'autobiographie de Dario Argento.
Premier volet de la trilogie des Mères consacrée aux sorcières (suivront Inferno et La Troisième Mère), Suspiria nous plonge dans un institut de danse abritant le Mal dans ses manifestations les plus cruelles et perverses. Pour Olivier Père, « Dario Argento réalise sa version gore et sous acide de Blanche-Neige et les sept nains, soit un conte sanglant aux éclairages surréalistes et aux scènes de violence paroxystiques, proches du Grand-Guignol et de la transe vaudou. Suspiria demeure une des expériences cinématographiques qui s’apparentent le plus à un cauchemar, en raison de la rupture volontaire du cinéaste avec la logique narrative et l’agressivité inouïe de ses images ; et ressemble davantage à un opéra rock psychédélique qu’à un film d’horreur traditionnel. »
Œuvre charnière de la filmographie de Dario Argento, sommet en matière de thriller horrifique, Profondo rosso, projeté en version intégrale et restaurée, est un choc esthétique, sonore et visuel. Tourné dans la ville de Turin dont le cinéaste intensifie la dimension mystique, le film déploie un scénario labyrinthique dans une mise en scène brillante, baroque, oppressante à souhait, soutenue par la musique lancinante des Goblin – le groupe inaugure alors une collaboration fructueuse avec le cinéaste. Avec ce film de force majeure, Dario Argento transcende la grande tradition du Giallo italien et annonce le tournant fantastique qu'il opérera deux ans plus tard, avec Suspiria.
Fascinant réalisateur italien depuis un demi-siècle, Dario Argento est le maître incontesté du Giallo, thriller à l’esthétique baroque et expressionniste, où la peur évolue aux marges du fantastique et de l’horreur. Magicien de la pure sensation, le cinéaste transcende le film de genre en lardant ses œuvres de références esthétiques, psychanalytiques, érotiques et fétichistes.
Ses fans à travers le monde savent que l’on ne sort pas indemne de la vision de ses œuvres, embarqués par la singularité de ses images et de sa bande son, hard-rock ou techno-hypnotique s’il le faut, au delà de la frontière entre le réel et le fantastique, projeté dans le surnaturel. La sortie de six films emblématiques de son univers (L'Oiseau au plumage de cristal, Le Chat à neuf queues, Les Frissons de l'angoisse, Suspiria, Phenomena, Opéra) nous plonge dans la quête éperdue d’une vérité toujours impossible à cerner, dans cette « inquiétante étrangeté » chère à ses maîtres, Freud et Hitchcock.