En contraignant nuitamment le cerveau à s’éveiller lorsque la conscience s’en est allée
musarder ailleurs, il semble que l’activité onirique nous permette de digérer les émotions
absorbées dans la journée. Soit. On peut adhérer à cette idée défendable et hardie. Des
scientifiques adeptes de la caféine (qui nagent autant dans leur blouse que dans la science-‐
fiction) s’accrochent cependant aux théories les plus farfelues. Ils tentent de mesurer des
concepts aussi abstraits que le rêve et le cauchemar à l’aide d’outils qui prêtent à rire. Ils
observent l’activité cérébrale de cobayes (généralement diminués par des excès de talk-‐
shows) par l’intermédiaire d’électroencéphalogrammes. Ceux-‐
ci sont enregistrés lors
de phases de sommeil paradoxal (généralement associés). Les supposés savants pensent
ingénument percer le mystère. Impayable.
À Court Métrange, nous sommes plus amplement informés que ces malheureux (dont l’unique diplôme légitime est celui d’avoir su le clouer au mur). Nous en savons beaucoup sur le sujet du rêve, ce phénomène partagé par une grande partie des mammifères auxquels nous appartenons (même si un doute subsiste au sujet de Cédric Courtoux quand il ingère des chips). Et nous mettons à la disposition de notre public aimé, le seul instrument susceptible d’agiter son système limbique sans négliger son cortex : l’art cinématographique (et d’autres arts encore comme si ça ne suffisait pas).
Nous savons bien que les seuls onirologues, dignes d’appellation, se recrutent chez les créateurs. Ils n’ont pas fait du rêve et du cauchemar que des sujets d’étude, ils les ont sublimés en des productions artistiques. Celles-‐ ci transportent leurs contemplateurs dans une sphère de conscience qui transcende l’idée même de compréhension (devenue saugrenue). Les images qui effleurent la surface de l’écran, qui surgissent en objets volumineux ou qui s’étalent en créations graphiques, en disent plus sur nos rêves et nous-‐ mêmes que cent rapports vomis par ordinateur.
Vous allez le constater à travers les courts métrages internationaux que se sont régalés à retenir nos sélectionneurs en chef. Aucun mot d’ordre sur la thématique « Territoire des Songes » n’a été adressé aux réalisateurs qui nous les ont proposés. Mais vous vous doutez bien que, par nature, beaucoup répondent implicitement à la commande sans avoir été produits dans cette intention. À travers ces oeuvres courtes, dont le Fantastique est l’étançon, nous saurons comment rêvent et cauchemardent la Slovaquie, le Canada, le Danemark, l’Angleterre et bien d’autres pays encore (en clair, nous en apprendrons un peu plus sur eux). Il est important de mentionner que deux séances sont présentées en audio-‐ description et avec un sous-‐ titrage à destination du public sourd et malentendant. L’imaginaire, c’est l’affaire de toutes et tous.
Outre les projections de courts métrages au Ciné TNB, nous vous proposons de nombreux rendez-vous : conférences, rencontres et découverte d’un riche parcours-expositions où le NAÏA Museum figure en invité d’honneur. Nous avons aussi la fierté d’annoncer que l’opération Pitch dating de cette édition 2016 est placée sous l’égide du Centre National de la Cinématographie (et de l’image animée). NISI MASA, partenaire européen de poids est également de la partie. Pour ouvrir dignement les festivités, 1988 Live Club ouvre sa scène aux agitateurs géniaux de GUZ II et à leur cinématographie musicale unique. Pour les conclure, le temple rennais des musiques actuelles accueille INÜIT et son ensorcelante techno pop. À peine remis de la fièvre du live, les platines seront kidnappées par Dj-Pompiero et Dj-Agora pour le reste de la nuit.
Parmi les autres réjouissances, La Nuit du Fantastique, en amont du festival (et entre autres méfaits), remettra en selle la figure principale de Nightmare on Elm street. Vous pourrez noctambuler de nouveau avec Freddy, ce redoutable taquin qui déchire le sac du marchand de sable pour en faire jaillir ce qu’il veut. Le Parcours Métrange, riche d’expositions et de rencontres, vous confrontera à la création rennaise (et d’ailleurs) et philosophera sans réserve autour de notre thématique. On chuchote même que dans le Village Métrange (implanté dans la rue St-‐ Hélier avec la complicité de ses talentueux commerçants), résonneront les sabots d’une créature mythique, jaillie des songes. Pour rêver avec nous, en ce mois d’octobre, bondissez hors du lit !
Steven PRAVONG
Directeur artistique de Court Métrange